Focus sur la bande dessinée : histoires effrayantes, histoires sanglantes !


La petite boutique des horreurs… en bande dessinée

 

Nous sommes nombreux à rechercher dans la fiction ce petit frisson qui parcourt notre nuque, cette sensation de plaisir à la vue d’images terrifiantes, cette plongée sous-marine dans un univers si délicieusement glaçant que le moindre bruit nous fait sursauter.

Lorsque l’on aborde le genre horrifique, la bande dessinée ne manque pas de matière.

Mais d’abord, pourquoi aime t-on se faire peur ?

L’attirance pour la peur et le genre horrifique est un sujet régulièrement abordé en psychologie.

Chez l’enfant par exemple, la peur fait partie intégrante de son développement car elle lui confère, paradoxalement, un sentiment de sécurité. En affrontant des peurs symboliques (les loups, les monstres…), l’enfant peut grandir et sera plus à même de surmonter ces peurs réelles à l’âge adulte.

Plus généralement, la recherche du plaisir par l’horreur créerait chez le lecteur un effet de catharsis, c’est-à-dire une libération d’émotions fortes refoulées. Face à des personnages malheureux ou en proie à l’effroi, le lecteur va s’identifier à eux et générer une forme d’empathie à leur égard. Assister par procuration aux évènements traumatisants vécus par les personnages provoquerait ainsi en nous un regain de goût pour la vie !

La BD horrifique répond également à un besoin enfoui en chacun de nous : la recherche de sensations fortes ! Lorsque le corps humain se sent en danger (même de façon virtuelle), il envoie à notre cerveau des vagues d’endorphine et de dopamine, aussi appelées « hormones du plaisir », les mêmes qui sont générées par une intensive séance de sport.

Enfin, le jeu du désir / répulsion entretenue par ces lectures représente un excellent divertissement. Confortablement allongé sur son lit ou dans n’importe quel endroit sécuritaire, jouer à se faire peur devient une sensation positive. L’effet de distance crée par la fiction nous permet d’apprécier pleinement ces émotions contradictoires.

Alors, amateur[e]s d’hémoglobine, de zombies et autres joyeusetés cadavériques, rassurez-vous, en fait c’est pour votre bien !

 

Morceaux choisis :

Voici une sélection de bandes dessinées à tendance horrifique (non exhaustive et entièrement subjective !) que j’ai pris plaisir à lire et dont certaines m’ont particulièrement envoûtées. Tous les ouvrages cités sont disponibles à la médiathèque !

Alena (Kim W. Andersson)

Glénat, 2017

Cote : COMICS AND

Alena n’est pas une lycéenne comme les autres. Persécutée par ses camarades, particulièrement par la sportive et populaire (et très mais très vilaine) Filippa, elle subit les moqueries en silence. Voyant qu’Alena est incapable de se défendre, Josefin, sa meilleure amie, décide de prendre les choses en main. Sauf que, étrange problème, Josefin est morte depuis un an… Un roman graphique horrifico-romantique, réalisé par le « Dario Argento » de la BD suédoise, qui mêle judicieusement éléments de suspense avec quelques scènes gores efficaces. Une adaptation cinématographique a vu le jour en Suède en 2015.

 

La vie de Norman (Stan Silas)

Makaka Éditions, depuis 2011

Cote : BDA NOR

Cette série (5 tomes à ce jour) relate les aventures sanguinolentes de Norman, mignon blondinet de huit ans, écolier le jour et tueur en série la nuit venue. Les fans des slashers movies en particulier (sous-genre cinématographique mettant en scène un tueur souvent masqué) s’amuseront à identifier les nombreuses références aux films d’horreur avec quelques immersions dans la science fiction et le fantastique. Humour noir et très très grincant !

 

Walking Dead (Robert Kirkman, Charlie Adlard & Tony Moore)

Delcourt, depuis 2007

Cote : COMICS WAL

Série de comics ultra-populaire (29 tomes publiés et une série TV qui fête sa huitième saison !) où un virus d’origine inconnue a transformé 95 % de la population mondiale en zombies. Les rares survivants, menés par l’ancien policier Rick Grimes, doivent rebâtir une civilisation déchue en se protégeant des ennemis plus ou moins reconnaissables. Une saga post-apocalyptique d’une violence pertinente doublée d’une réflexion intéressante sur les limites de notre humanité quand le chaos survient.

 

Dragon head (Minetaro Mochizuki)

Pika, 2017

Cote : BDA DRA

À la suite d'un tremblement de terre alors qu'ils rentraient d'un voyage scolaire en train, trois collégiens, Teru, Nobuo et Ako, seuls rescapés du terrible accident, se retrouvent coincés dans un tunnel. L’obscurité et la chaleur étouffante des lieux va dérégler les comportements sociaux des protagonistes et révéler leurs faces cachées. Publié dès 1995 au Japon, ce seinen (manga pour adultes) nous livre en cinq tomes (10 volumes) un huis clos très angoissant qui exploite à merveille la peur et son processus psychologique : coup de cœur des bibliothécaires !

 

Black hole (Charles Burns)

Delcourt, 2006

Cote : COMICS BUR

Anthologie culte qui regroupe les 6 tomes (12 volumes de 1995 à 2005) de ce grand classique du genre fantastique. Dans une petite ville américaine, une étrange maladie, n'affectant que les adolescents, fait son apparition avec des symptômes aussi variés qu'imprévisibles, de la simple éruption cutanée à la queue de reptile qui pousse sur le corps. Un univers complètement à part et magnifiquement illustré à l’encre de chine où l’on assiste à ces étranges mutations dans une ambiance très seventies.

 

Locke & Key (Joe Hill et Gabriel Rodriguez)

Milady, 2010

Cote : COMICS LOC

Scénarisée par le fils de Stephen King, cette série débute par l’emménagement de la famille Locke dans une demeure empreinte de mystère après le meurtre irrésolu de leur père. La découverte de clés possédant des pouvoirs surnaturels (effacement de souvenirs, fantômes…) va entraîner une suite d’évènements développée en 6 tomes. On saluera l’esthétique soignée de ce récit assez noir, entre drame familial et horreur fantastique.